Protéger les aînés contre l’exploitation financière

Ça ne fait pas toujours la une, mais l’exploitation financière est la forme la plus courante de maltraitance des aînées au Canada. Souvent, ces clients plus vulnérables ne se doutent de rien. Ils ignorent les signes avant-coureurs pourtant flagrants.

Pour les conseillers qui travaillent avec des clients âgés, le risque de maltraitance est plus qu’un simple enjeu de conformité. C’est une question de confiance, d’empathie et de vigilance. Et ce défi deviendra de plus en plus pressant avec le vieillissement de la population.

Une épidémie silencieuse qui sévit sous notre nez

Plus que jamais, les enjeux de vieillissement de la population et de gestion du patrimoine se recoupent. Les Canadiens de plus de 65 ans détiennent désormais plus de la moitié des actifs financiers du pays. Bon nombre d’entre eux gèrent cette richesse tout en affrontant un déclin cognitif, une maladie chronique ou l’isolement social. Cette vulnérabilité, combinée aux responsabilités financières, crée un terrain propice aux abus. Le risque augmente lorsque les enfants d’âge adulte ou les proches aidants contrôlent l’accès aux renseignements ou aux comptes.

Selon le gouvernement du Canada, jusqu’à 10 % des personnes âgées subiront une forme de maltraitance, qu’elle soit affective, physique, financière ou multidimensionnelle. Or, les victimes signalent rarement ces incidents en raison de la honte ou de la confusion ou du lien de dépendance qui les unit à la personne qui commet l’abus.

Dans bien des cas, l’exploitation financière n’est pas le fait d’escrocs ou d’étrangers, mais bien de membres de la famille, de proches aidants ou de connaissances. Une personne peut signer une procuration sans en saisir la portée. Elle peut ainsi subir des pressions pour « offrir » de l’argent, céder une propriété ou modifier la désignation des bénéficiaires. Avant qu’elle s’en rende compte, son patrimoine peut être entièrement dilapidé.

Les signaux d’alerte à surveiller

Vous connaissez votre clientèle. Vous avez tissé des liens avec le temps. Vous êtes donc en bonne posture pour déceler les changements de comportement ou la prise de décisions inusitées. Cela peut commencer de manière subtile : retraits inhabituels, rendez-vous manqués ou réticence à discuter de projets à long terme. Un nouvel « ami » qui se joint aux rencontres. Une personne âgée qui semble confuse à l’égard de ses propres finances. Même la déférence excessive à l’endroit d’un enfant adulte peut s’avérer préoccupante.

Aucun de ces signes ne prouve à lui seul qu’il y a maltraitance. Toutefois, ils méritent votre attention et, dans certains cas, justifient une intervention.

Favoriser un dialogue ouvert, sans jugement

L’un des moyens les plus efficaces de protéger les aînés contre la maltraitance est aussi l’un des plus simples : donnez-leur la parole. Abordez de front les questions d’argent, la dynamique familiale et les besoins futurs. Invitez-les à poser des questions. Gardez à l’esprit que la planification financière est souvent un processus émotif. Le but est de s’assurer que vos clients se sentent en sécurité, soutenus et capables de prendre leurs propres décisions, surtout en présence d’autres personnes. Mieux vaut prévoir au moins une partie de vos rencontres en tête-à-tête. Vous pourrez ainsi questionner vos clients pour clarifier leurs souhaits et évaluer leur compréhension, sans influence extérieure.

Consigner clairement les décisions et les revoir souvent

Votre rôle de conseiller ou de conseillère vous place parfois sur une corde raide. Les clients en pleine possession de leurs moyens sont libres de prendre des décisions mal avisées. Un choix inhabituel n’est pas forcément illégal. C’est pourquoi il est crucial de bien documenter vos dossiers. Les notes faisant état de vos discussions, des souhaits exprimés et des comportements que vous observez peuvent s’avérer fort utiles si des questions se posent ultérieurement.

Il en va de même pour les mises au point périodiques. Lorsque l’état de santé d’une personne se détériore ou que son réseau d’appui change, sa vulnérabilité aux abus peut augmenter. Les révisions annuelles, les conversations sur la planification successorale et les mises à jour des bénéficiaires désignés sont autant d’occasions propices au réexamen des mesures de protection.

Savoir quand (et comment) intervenir

Si vous soupçonnez un cas de maltraitance, procédez avec précaution. Exprimer vos préoccupations trop brusquement pourrait compromettre la relation de confiance ou mettre fin à la communication. Optez plutôt pour des questions ouvertes. Vous pouvez proposer à vos clients de les mettre en communication avec des spécialistes capables de les aider. Au besoin, consultez l’équipe de conformité ou les ressources juridiques de votre entreprise pour bien saisir les obligations qui vous incombent.

Pour les situations plus graves, il pourrait être nécessaire de faire appel au curateur public de votre province ou au service de tutelle aux majeurs. Pour bien des conseillers, ces décisions sont difficiles à prendre. Or, il vaut mieux pécher par excès de prudence que de voir s’envoler en fumée une vie entière d’épargne.

Envisager l’assurance comme moyen de protection

Déployés judicieusement, l’assurance vie et les fonds distincts peuvent fournir une protection supplémentaire. Ils permettent aux titulaires de réserver des fonds destinés à des bénéficiaires désignés. Ceci peut aider à prévenir d’éventuels litiges. Certains produits permettent aussi aux clients de prendre des décisions de manière irrévocable, alors qu’ils sont encore en pleine possession de leurs moyens.

Cette stratégie ne remplace pas les conseils juridiques. Cependant, c’est un rempart efficace pour ceux et celles dont les volontés pourraient un jour être remises en cause.

Beneva est là pour vous aider

À nos yeux, protéger la clientèle âgée contre la maltraitance ne se limite pas à repérer les signaux d’alarme. Elle exige aussi d’établir des relations de confiance, de poser les bonnes questions et d’aider chaque personne à mettre en place les mesures de protection adéquates pendant qu’elle est toujours en mesure de le faire.

Qu’il s’agisse de revoir une procuration ou d’élaborer un portefeuille de placements, nous sommes là pour vous accompagner avec des solutions d’épargne et d’investissement ingénieuses, et des outils et des idées qui changent la donne. Unissons nos efforts pour faire en sorte que vos clients soient en sécurité, bien entourés et maîtres de leur héritage.