La démission silencieuse, c’est quoi?

Un homme travaille à son bureau

Une de vos employées, appelons-la Maude, a changé d’attitude au travail. Vous ne comprenez pas encore ce qui se passe, mais son engagement semble plus faible qu’avant. Seriez-vous devant un cas de démission silencieuse (quiet quitting)? Pour répondre, il faut d’abord savoir ce que c’est!

Survolez cette tendance avec nous afin d’y voir plus clair. Vous profiterez en même temps de nos conseils pour composer avec les Maude, Charles, Danielle, etc. qui sont peut-être des démissionnaires silencieux de votre entourage.

Comment se passe une démission silencieuse?

Abandonner son emploi en silence, ce n’est pas quitter son boulot. La démission demeure mentale, c’est pourquoi on la qualifie de muette. Elle s’exprime avec des comportements. Ceux-ci, par exemple :

  • donner un rendement de base dans un poste sans temps, effort ou enthousiasme de plus (c’est ce qu’on appelle la « culture du minimum »)
  • cesser de prendre des initiatives
  • refuser toute heure supplémentaire et s’en tenir à l’horaire
  • arrêter de dépanner les collègues si ça demande un extra de travail
  • dire non à des rencontres facultatives
  • ralentir la cadence, souvent pour se protéger de tout stress
  • ne plus accepter de responsabilités absentes de leur description de tâches

Autrement dit, les gens qui « quittent silencieusement » conservent leur emploi et leur salaire, mais s’impliquent moins qu’avant par choix.

Le quiet quitting : un silence qui fait du bruit dans les médias

L’expression quiet quitting s’est répandue en 2022 par des publications sur le réseau social TikTok. D’autres médias sociaux ou traditionnels ont ensuite pris le relais dans des articles sur les tendances liées au marché du travail.

Vous vous dites que le phénomène existe sans doute depuis plus longtemps? Il a tout de même gagné du terrain :

Au-delà des tendances, la démission silencieuse reste pourtant une réalité à connaître et à prévenir.

Pourquoi les gens se désengagent-ils comme ça?

Regardons ce qui pourrait, dans l’ensemble, avoir favorisé une vague de démissions silencieuses.

  • C’est peu dire, la pandémie a transformé le monde du travail. Depuis 2020, beaucoup de Canadiens ont d’ailleurs changé d’emploi – on parle même de grande démission  (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet). : 28 % des Québécois, par exemple, auraient opté pour un nouveau poste dans les deux années suivantes.
  • L’inflation et le spectre d’une récession peuvent inciter des gens à partir en silence au lieu de quitter pour vrai leur salaire et leurs avantages actuels.

Les causes s’avèrent aussi bien personnelles. Quelqu’un peut chercher à…

  • prendre du recul pour concilier travail et vie professionnelle
  • s’épanouir plutôt dans d’autres sphères de sa vie (loisirs, projets…)
  • protéger sa santé mentale d’un burn out en donnant moins de place au travail et au stress qu’il crée
  • résister passivement aux attentes de l’employeur ou à une situation (ex. : l’exigence de faire toujours plus avec moins de ressources)
  • ménager son énergie en raison d’une épreuve (un divorce difficile, un parent malade…)
  • se protéger contre un emploi où les possibilités d’apprentissage et de croissance semblent limitées
  • réagir à un manque de reconnaissance ou à un autre facteur
Un cas concret

Pendant des mois, Samuel a cumulé les heures supplémentaires pour une série de projets. Il s’est rendu disponible à maintes reprises le soir et les fins de semaine.

Sa gestionnaire n’a pas témoigné son appréciation des efforts de Samuel; les a-t-elle même remarqués?

Déçu et un peu amer, Samuel a choisi de s’en tenir désormais au minimum. Sans le savoir, il a rejoint les rangs des démissionnaires silencieux.

Si sa supérieure prend conscience de cette perte de motivation, elle sera peut-être à même d’intervenir pour corriger le tir.

Quelle stratégie adopter pour prévenir les démissions silencieuses?

Si vous gérez une équipe, vous pouvez agir pour composer avec la démission silencieuse ou la prévenir.

Soyez à l’écoute

Rencontrez vos employés (en solo idéalement) pour bien les écouter et comprendre leur niveau d’engagement. Comment pouvez-vous les soutenir? Offrez-leur votre aide et montrez que vous cherchez des solutions.

Peut-être que vous ne pourrez pas discuter avec tout le monde à court terme. Des sondages peuvent alors vous apporter certaines réponses. Utilisez celles-ci comme outils pour raviver la motivation en baisse chez certains.

Une femme et un homme discutent ensemble au bureau

Faites preuve de transparence

Vous demandez à des membres de votre équipe d’allonger leurs journées de travail ce mois-ci? Dites-leur pourquoi en toute sincérité.

Si vous leur confiez des demandes qui ne cadrent pas dans leurs responsabilités, expliquez aussi les raisons. Précisez que vous n’en ferez pas une habitude. Personne ne tiendra leurs efforts pour acquis.

Des employés qui comprennent vos motivations (et votre bonne foi) sont plus enclins à fournir les efforts souhaités.

Partagez votre vision et travaillez-y ensemble

C’est important de garder une mission et une vision d’équipe. Dans quelle direction avancez-vous? Vos employés la connaissent-ils bien? Demandez-leur comment ils voient l’avenir dans l’organisation, comment ils souhaitent y contribuer.

Si vous clarifiez votre mission commune, le travail gagnera tout son sens. Voilà un puissant facteur de motivation.

Cultivez la reconnaissance et récompensez les efforts

En période de stress ou de fatigue, parfois, on perd de vue la contribution des gens autour de nous. Dommage. Le manque de renforcement positif favorise le quiet quitting, tout comme le peu de reconnaissance des collègues, des supérieurs ou de l’employeur.

Récompenser certains efforts se révèle aussi important. Maude vient d’accepter du « temps supp » ce mois-ci? Vous pourriez peut-être lui offrir en retour des demi-journées de congé si la situation le permet – et si c’est équitable envers le reste du groupe.

Quand être de retour en poste… signifie remettre du cœur à l’ouvrage

La démission silencieuse survient quand le cœur n’y est plus. Prenez souvent le pouls de votre équipe et faites de votre mieux pour mobiliser vos employés ou les garder mobilisés. C’est bon pour la productivité, utile pour fidéliser votre monde, gagnant pour l’ambiance au travail. Rien de moins!