Médicaments périmés : attention, danger.

Une femme tient un pot de médicaments

Un matin de la semaine comme les autres. Sauf que votre enfant fait une grosse fièvre. Vous vous précipitez alors vers votre salle de bain, direction l’armoire à médicaments. Vous fouillez, fouillez encore… Ah! Voilà les pilules que vous cherchiez. Soulagement. Par réflexe, vous vérifiez la date de péremption. Petit moment de panique, elles sont périmées. Grrrr, pas le choix de vous rendre à la pharmacie. À moins que…

À moins que les quelques mois au-delà de la date limite n’altèrent pas l’efficacité du traitement ni n’aggravent l’état de votre petit malade. Alors, quels risques représentent les médicaments périmés? Peut-on vraiment prolonger leur durée de vie?

Périmé, ça veut dire quoi?

Voici deux définitions à bien comprendre pour une consommation fiable et sans risques d’un médicament. Il y a en effet une différence entre la date d’expiration et la date limite d’utilisation.

Date d’expiration

C’est la date limite avant laquelle le fabricant est en mesure de garantir que le médicament répond aux critères de sécurité et de qualité. En général, elle est fixée à 2 ou 3 ans après le moment de fabrication. Mais il se peut que le médicament soit d’une qualité acceptable après ce délai.

Date limite d’utilisation

C’est la date après laquelle un médicament qui a été ouvert, manipulé ou entreposé dans un contenant, autre que celui du fabricant, ne devrait pas être utilisé. Par conséquent, que se passe-t-il lorsque l’une ou l’autre de ces dates est atteinte? Eh bien, on ne peut plus garantir qu’un médicament est propre à la consommation et efficace. Même que certaines molécules peuvent devenir dangereuses.

Produits pharmaceutiques à ne pas prendre après la date de péremption indiquée sur le conditionnement :

  • sirops
  • crèmes, gels et pommades à application cutanée
  • gouttes pour les yeux
  • antibiotiques
  • médicaments sans conservateur, reconstitués, injectables
  • traitements contre l’hypertension artérielle
  • produits de contraception
Une mère donne du sirop à son enfant

Exemple concret

Prenons l’amoxicilline, un antibiotique. Préparé et proposé sous forme de poudre, il doit être mélangé à de l’eau au moment d’être consommé. Disons que la date d’expiration écrite sur la bouteille, soit celle du fabricant, est dans un an. Cela signifie que le médicament sous forme de poudre est bon pendant 1 an. Une fois reconstitué avec de l’eau, l’antibiotique est prêt à l’utilisation. En revanche, il est propre à la consommation pour seulement 14 jours, si conservé au réfrigérateur. Dans ce cas, la date limite d’utilisation sera de 14 jours après la reconstitution. C’est pourquoi il faut également vérifier la date de péremption indiquée sur l’étiquette de la pharmacie pour les médicaments sous ordonnance.

Il arrive aussi que l’on puisse repousser la date d’expiration fournie par le fabricant. En cas de pénurie, par exemple. Cela se fait pour certains pulvérisateurs de nitroglycérine, un médicament utilisé lors de crise d’angine de poitrine.

Le saviez-vous? En 2011, 43 % des ménages québécois avaient à la maison des médicaments dont ils devaient se débarrasser.

Impacts d’un médicament périmé

Prenez-vous des risques à utiliser un médicament dont la date de péremption est expirée? Tout dépend du type de médicament, de la quantité administrée et de la maladie traitée.

Éviter une perte d’efficacité

Concrètement, un médicament périmé peut avoir des résultats moins efficaces. Si on parle d’un analgésique pour soigner une douleur musculaire mineure, les préjudices seront d’avoir un peu plus mal qu’à l’habitude. Pareil pour un Tylenol ou un Advil qu’on avalerait pour lutter contre un mal de tête. La douleur mettrait sûrement plus de temps à passer. Dans les deux cas, rien à craindre pour sa santé. Par contre, une efficacité moindre pourrait avoir des conséquences bien plus graves pour le malade qui doit prendre une dose contre une allergie spécifique. Voilà pourquoi on classe les médicaments dans deux catégories.

Les médicaments à index thérapeutique étroit

Définition par l’Ordre des pharmaciens du Québec : « Médicaments pour lesquels des différences de dose ou de concentration relativement légères entraînent des échecs thérapeutiques et/ou des réactions indésirables graves proportionnelles à la dose et à la concentration qui peuvent être persistantes, irréversibles, réversibles à longue échéance ou encore mettre la vie en danger ».

Parmi ces médicaments se trouve la warfarine, un anticoagulant, dont l’effet principal est d’éviter la formation de caillots. Donner une trop grosse quantité de ce médicament peut entraîner des saignements abondants. À l’inverse, une trop petite quantité peut entraîner un accident vasculaire cérébrale (AVC) ou une thrombose veineuse. Après la date de péremption, il est possible que la quantité d’ingrédients actifs soit diminuée. Donner une dose plus faible pour ce médicament pourrait donc avoir des conséquences négatives graves.

Les médicaments d’« urgence »

Certains médicaments sont utilisés dans un contexte où le début d’action du médicament a un impact majeur sur son efficacité. Si le médicament ne peut effectuer son action en temps opportun, les risques pour la santé peuvent être graves.

Exemple : l’épinéphrine, connue sous l’appellation commerciale Epipen. Utilisé dans le traitement du choc anaphylactique, qui est une réaction allergique grave, ce médicament évite des difficultés respiratoires pouvant causer la mort. Dans ce cas, vous aurez deviné qu’un manque d’efficacité du médicament peut avoir un impact direct sur la santé. Cependant, si vous n’avez qu’un Epipen périmé sous la main, utilisez-le. Mieux vaut une efficacité partielle plutôt que zéro remède.

Éviter de contaminer l’eau

On n’y pense pas spontanément en utilisant un médicament périmé, mais les impacts environnementaux existent. En effet, les ingrédients actifs de médicaments (IAM) se retrouvent dans l’eau. Rassurez-vous, les risques pour la santé humaine sont faibles. En revanche, certains effets nocifs sur les animaux ont été observés. Exemple : la féminisation de certaines espèces aquatiques due à la présence de résidus d’hormones oestrogéniques dans l’eau.

Éviter une mauvaise utilisation

Que veut dire faire une mauvaise utilisation des médicaments et quelles en sont les conséquences?

Gaspillage

Pensez-y! En laissant s’accumuler à la maison des médicaments périmés, on favorise le gaspillage des matières utilisées pour la fabrication du médicament et une surutilisation des ressources de santé.

Accident/intoxication

C’est écrit sur les contenants de médicaments, mais on le répète : veillez à ne pas laisser les médicaments à la portée des enfants ou des animaux. Au risque de mettre leur santé en danger. Et encore plus si les médicaments sont périmés.

Risques d’abus

Certains médicaments sont considérés comme étant des substances contrôlées, c’est-à-dire qu’ils possèdent un risque d’abus plus élevé. On parle ici des analgésiques narcotiques (codéine, morphine et oxycodone) et des médicaments comme le méthylphénidate et les barbituriques. Ne les conservez pas à la maison. Vous éviterez ainsi un mauvais usage, un abus ou un risque d’intoxication accidentelle ou volontaire.

Entre 2 et 5 ans. C’est la durée d’efficacité d’un médicament s’il est conservé dans certaines conditions de conservation.

Recommandations pour votre santé

Appliquez ces quelques recommandations et tout ira bien pour gérer flacons, onguents et comprimés.

Faire du ménage

L’idée, c’est d’y voir clair dans votre réserve de médicaments. Alors, une fois par an, on trie, on classe, on jette. Et on range! Vous allez enfin pouvoir fermer la porte de votre cabinet sans devoir forcer.

Besoin d’apaiser un mal de dents? Ou de freiner l’expansion d’un feu sauvage de l’amouuuur? Cherchez en toute confiance et trouvez rapidement. Sans vous énerver. Sans vous tromper. Sans vous intoxiquer.

Certains foyers accumulent plusieurs bouteilles d’ibuprofène ou d’acétaminophène. D’où la nécessité de faire régulièrement l’inventaire de vos médicaments en vente libre. Le meilleur moyen d’économiser et de diminuer le risque de prendre un traitement périmé.

Proscrire la salle de bain. Réunir les conditions idéales de conservation

Vous rangez vos médicaments dans la salle de bain? On vous l’apprend sûrement, c’est une mauvaise idée. Chaleur, lumière et humidité sont autant d’éléments qui favorisent le développement de bactéries et de champignons. Ils nuisent à la conservation des médicaments en altérant leurs propriétés et leurs principes actifs.

Donc, rangez-les idéalement dans un endroit frais et sec de la maison. À température pièce (entre 15 °C et 25 °C). Sinon, à une température de 2 °C à 8 °C, au centre du réfrigérateur, pour les médicaments à conserver au froid.

Rapporter les médicaments périmés

Les médicaments périmés ne se jettent surtout pas à la poubelle. Ils pourraient contaminer les sols ou empoisonner un animal. Ne vous en débarrassez pas non plus dans le lavabo ou les toilettes! Ils peuvent polluer durablement les rivières et les sols.

La solution? Déposez-les à votre pharmacie où ils seront détruits de façon sécuritaire pour l’environnement. Si possible, laissez-les dans leur contenant original ou dans un contenant qui évitera la manipulation directe par un tiers.

Produits que vous pouvez apporter à la pharmacie, entamés ou non :

  • Comprimés et suppositoires
  • Sirops et médicaments liquides dans leur flacon
  • Timbres médicamenteux non utilisés
  • Tubes de crèmes et de pommades
  • Aaérosols

Vous savez maintenant reconnaître un médicament périmé et ce qu’il faut en faire. Pour gérer vos médicaments de façon avisée, en toute sécurité pour votre santé, suivez aussi ces 10 commandements. Ils vous guideront avec humour. En attendant, vous pourriez mettre à votre agenda le rangement de votre armoire à pharmacie. Allez, cette fin de semaine, on s’y met!