Comment aider les enfants à comprendre la mort?

Une personne âgée lit un livre avec un enfant

Elliot et Lucas, des jumeaux, adoraient leur grand-père. Ces trois-là faisaient des tas de choses ensemble. Mais ce matin, Mathilde a appris que Papi ne s’était pas réveillé. Le cœur gros, elle a vite réalisé qu’elle allait devoir annoncer à ses fils de 7 ans le trépas de leur meilleur ami. Mais comment s’y prendre?

Comment les enfants voient la mort?

La façon dont les enfants appréhendent la mort évolue en fonction de leur âge. Plus ils sont jeunes, plus le caractère définitif et irréversible de la mort est pour eux difficile à saisir.

Tout comme les adultes, ils peuvent réagir de diverses manières s’ils sont confrontés à la perte d’un être cher. Ainsi, leur âge, leur proximité avec la personne décédée (ou l’animal) et les circonstances du décès sont autant de facteurs qui peuvent influencer leur expérience du deuil.

Avant d’amorcer un dialogue sur le deuil avec eux, déterminer ce qu’ils peuvent comprendre en fonction de leur développement est essentiel.

De 0 à 3 ans

À ce stade, les enfants n’ont pas vraiment de notion de la mort. Le concept est trop abstrait. Un décès sera donc vécu comme une perte, voire comme un abandon.

Entre 4 et 8 ans

À cet âge, les enfants comprennent davantage le concept de la mort. D’ailleurs, ils en ont peur. Ils ont du mal à concevoir son aspect irréversible. Aussi, ils s’imaginent que l’être décédé va revenir à la vie. Étant donné qu’ils sont incapables de saisir le caractère involontaire de la mort, ils en cherchent souvent la raison et se posent bien des questions. Par exemple : « Est-ce que la personne est morte pour me punir? » Il faudra donc que Mathilde tienne compte de ça quand elle abordera le sujet avec Elliott et Lucas.

De 8 à 12 ans

C’est à partir de 8 ans que les enfants comprennent qu’un être décédé ne reviendra pas. Cependant, ils se demandent pourquoi une personne si précieuse à leurs yeux devait mourir. Pourquoi elle et pas une autre?

Plus de 12 ans

Les adolescents comprennent bien la fatalité de la mort. Ils savent que nous allons tous « partir » un jour ou l’autre. Ça ne les empêche pas de se sentir eux-mêmes invincibles, mais bon… ça, c’est un autre sujet.

Comment les enfants réagissent?

À l’instar des adultes, les enfants passent par toutes les différentes phases du deuil. Ils peuvent toutefois avoir plus de mal à les verbaliser. On observe en général les réactions suivantes :

  • tristesse
  • colère
  • anxiété accrue
  • déni
  • culpabilité
  • difficultés à poursuivre les activités quotidiennes
  • troubles du comportement
  • acceptation

Comment les accompagner pendant le deuil?

Pour passer au travers de l’épreuve, les enfants requièrent l’aide de leurs proches. Souvent, devant la détresse de leurs parents, ils s’abstiennent d’exprimer leur désarroi. Ils pensent ainsi éviter d’accabler leur famille davantage.

Alors, sans mettre de côté ses propres besoins ou dissimuler ses émotions, Mathilde devra essayer de maintenir un climat d’écoute et de partage. De cette façon, ses fils sentiront qu’ils peuvent eux aussi parler de ce qu’ils vivent. Voici quelques conseils :

Dire la vérité

Inutile d’essayer de protéger les enfants en les maintenant en dehors de la réalité. Ils ont besoin de savoir ce qui se passe.

Choisir ses mots

Éviter d’amoindrir la peine des enfants en tentant d’atténuer la nature du drame. Mieux vaut s’abstenir de leur raconter des histoires et d’utiliser des expressions comme « un long sommeil » ou « un long voyage ». Les enfants ont tendance à prendre les choses au pied de la lettre. Aussi, Elliott et Lucas pourraient attendre pendant longtemps le retour de Papi, ce qui ne ferait que retarder le choc et la souffrance.

Offrir du réconfort

Expliquer que c’est tout à fait normal de ressentir de la peine et de pleurer quand on perd un être cher. Souligner le fait que les adultes pleurent aussi. Les câlins seront sûrement bienvenus.

Rassurer

Toute situation de crise éveille des sentiments d’inquiétude. Les enfants peuvent parfois craindre pour leur avenir ou penser qu’ils ont une part de responsabilité dans ce qui arrive. Il faut les rassurer dès que possible. Ils doivent comprendre que leur comportement n’exerce aucune influence sur la survie d’un proche.

Accepter les divers moyens que les enfants trouvent pour s’exprimer

Dessins, jeux de rôle, tentatives de composition musicale : chez les enfants, l’expression des émotions passe souvent par la créativité. Il sera bien pour Mathilde de participer.

Un enfant colorie en présence de sa mère

Impliquer les enfants dans les rites funéraires

Si les circonstances s’y prêtent, inviter les enfants au salon ou aux funérailles. Prendre soin de leur expliquer à l’avance ce qui va s’y passer. Leur parler, notamment :

  • du cercueil ou de l’urne
  • de la cérémonie
  • des dernières volontés du défunt ou de la défunte
  • des traditions
  • du cimetière ou du columbarium

Maintenir une routine

Une fois les rituels passés, réinstaurer une forme de routine en ce qui concerne les repas, l’heure du dodo, etc. Ceci afin d’assurer peu à peu un retour à la vie normale.

Garder le dialogue ouvert

Enfin, pour Mathilde comme pour ses jumeaux, le meilleur moyen de soulager leur peine, c’est d’en parler. Papi ne doit pas devenir un sujet tabou, mais demeurer un souvenir bien vivant. Mathilde et ses fils pourront honorer sa mémoire tant et aussi longtemps qu’ils en ressentiront le besoin.

Suggestions pour approfondir votre réflexion

Sur Internet : le site deuildesenfants.ca (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet) propose une ressource complète et entièrement gratuite, déclinée en plusieurs modules, pour aider à accompagner les enfants dans tous les aspects du deuil.

Au cinéma : Ponette (Cet hyperlien s'ouvrira dans un nouvel onglet) est un film français réalisé en 1996 par Jacques Doillon. Il offre une illustration magistrale et très touchante du deuil d’une fillette dont la mère vient de mourir.