Derrière une porte fermée : le trouble de l’accumulation excessive

En tant que propriétaire ou gestionnaire d’immeuble, vous pouvez un jour faire face à une situation d’accumulation excessive. Ce trouble, aussi appelé syllogomanie, est dur à détecter… mais ses conséquences s’avèrent bien réelles, autant pour la personne concernée que pour l’immeuble. Mieux comprendre ce phénomène, c’est mieux s’y préparer.
Qu’est-ce que la syllogomanie?
Résumons-la simplement avec cette image : l’encombrement d’objets de toutes sortes. La situation peut se compliquer au point qu’il devient difficile de se déplacer dans la maison et d’effectuer certaines tâches comme cuisiner les repas, prendre une douche ou faire le ménage.
C’est donc un peu plus complexe qu’une collection de cartes de hockey dont on ne veut pas se départir.
De façon plus concrète, la personne qui en souffre démontre :
- de la difficulté à se débarrasser d’objets, même inutiles, brisés, dangereux ou insalubres
- une détresse psychologique importante
- de l’isolement
- des pensées obsédantes à l’idée de perdre les biens qu’elle conserve
- un très grand attachement affectif envers ses objets, même s’ils n’ont aucune valeur
- une désorganisation de son quotidien
Par honte du désordre, la personne garde souvent sa porte fermée. Elle refuse l’entrée à sa famille, à ses amis… même au plombier qui vient réparer le robinet qui fuit.
Parfois, elle reconnaît qu’il y a un problème, mais se sent dépassée par le désordre et incapable d’en venir à bout.
La syllogomanie, qui fait partie des troubles obsessionnels-compulsifs, est souvent liée à l’anxiété ou à un attachement affectif aux objets.
Quels sont les risques pour votre immeuble?
Quand l’espace est trop encombré, le risque d’incendie augmente. Des objets entassés près d’un appareil de chauffage ou d’une prise électrique peuvent facilement prendre feu. L’usage inadéquat de rallonges ou d’appareils électriques ajoute encore au danger. Un simple court-circuit peut avoir de graves conséquences si les matériaux autour sont inflammables!
L’accumulation rend aussi les dégâts d’eau plus probables. L’accès difficile aux conduits et aux installations de plomberie complique les réparations. Des objets entassés dans un sous-sol, par exemple, peuvent bloquer un drain ou masquer une fuite. L’humidité, si elle persiste, finit par abîmer les lieux et causer des moisissures.
La santé peut également en souffrir. Un immeuble mal aéré, humide ou infesté attire moisissures, vermine et bactéries. Les mauvaises odeurs s’installent, les surfaces deviennent insalubres et les risques pour les voies respiratoires augmentent, surtout chez les enfants, les aînés ou les résidents vulnérables.
Enfin, il y a un risque légal. Si une fuite ou un feu cause des dommages au logement voisin, le ou la responsable pourrait devoir payer. Un mauvais entretien de son logis ou une négligence peuvent mener à des poursuites ou à une perte de couverture d’assurance.
Comment repérer les signes?
La syllogomanie se remarque difficilement au premier regard. Ce n’est pas écrit dans le front de quelqu’un qui en souffre.
Toutefois, certains comportements ou situations laissent entrevoir que la personne vit des difficultés importantes :
- Elle s’isole et évite tout contact.
- Elle refuse qu’on entre dans son unité, même pour l’entretien de base.
- Des odeurs inhabituelles ou persistantes se propagent dans les espaces communs.
- Les voisins se plaignent souvent de bruit, d’insalubrité ou d’insectes.
Ces indices ne veulent pas toujours dire qu’il y a un problème grave. Mais ils justifient qu’on garde l’œil ouvert.
Respect et bienveillance avant tout
Si la syllogomanie est avant tout une détresse humaine, elle peut aussi engendrer des risques sérieux pour tous les résidents d’un immeuble. C’est pourquoi il est essentiel d’aborder cette réalité avec empathie, tout en mettant en place des mesures de prévention et d’accompagnement adaptées.