La pensée positive avec Mathieu Dufour


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Anne-Élisabeth Bossé : [0:00:00] Salut tout le monde. Je m'appelle Anne-Élisabeth Bossé et bienvenue au podcast de Beneva, Ça arrive à tout le monde. Parce que Beneva c'est vraiment du bon monde, on s'est fait aller le réseau de contacts pour créer des rencontres mémorables. À chaque épisode je reçois un invité pour jaser de ce qui arrive dans sa vie. On s'est tous demandé à un moment ou à un autre dans notre vie, est-ce que je dois aller au bout de mes rêves ou je suis mieux de rester réaliste? Pour creuser la question, j'ai invité un humoriste pour qui tout semble fonctionner, un gars audacieux qui va justement au bout de ses rêves, Mathieu Dufour, aussi connu sous le pseudonyme Mathduff. Et pour nous aider dans notre réflexion j'ai fait appel à la psychologue Véro Menard, la docteure Véro Menard qui, je suis certaine, va jeter un éclairage bien intéressant sur la question. Bon, bien, on part ça.

 

[INTRO – LOGO]

[0:00:49] Mathieu, bien que tu te passes de présentation, je fais un mini récapitulatif. Toi, tu t'es inscrit sur un coup de tête à l'École de l’humour en 2015.

 

Mathieu Dufour : [00:00:56] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:00:57] Tu es hyper actif sur les réseaux sociaux. Tu as 213 000 followers sur Instagram. Tu as gagné un Olivier, tu es nommé pour un autre cette année, l'Olivier de l'année. Tu as présenté ton spectacle au Centre Bell… [rire]

 

Mathieu Dufour : [00:01:07] [rire] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:08] … en juillet dernier devant 13 000 personnes. Ce show-là est diffusé sur Netflix. Et tu prépares un nouveau spectacle qui va s'appeler…

 

Mathieu Dufour : [00:01:15] Beau temps, mauvais temps. Je le prépare pas vraiment, mais ça va venir, cet été.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:18] Ça, c'est dans tes plans de faire ça.

 

Mathieu Dufour : [00:01:19] Oui, exactement.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:20] Bien, merci beaucoup d'être ici, Mathieu.

 

Mathieu Dufour : [00:01:22] Bien, merci pour l'invitation. J'avais vraiment hâte, pour vrai.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:24] Ah, bien, je l’espère.

 

Mathieu Dufour : [00:01:25] Je suis full content. J'ai hâte de jaser, puis tout. Ça va être le fun.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:26] Ça me flatte au boutte. Bien, juste avec ce qu'on vient de nommer, tu es hyper diversifié. Ça paraît que tu es un rêveur, mais ça paraît surtout que tu es extrêmement positif, du moins dans ce qu'on voit que tu fais. Est-ce que c'est un personnage de scène? Est-ce que c'est quelque chose qui appartient à ta carrière ou tu es comme ça dans la vie de tous les jours?

 

Mathieu Dufour : [00:01:41] Je suis vraiment comme ça dans la vie de tous les jours. J'ai l'impression qu'à comparer avec d'autres modèles, tsé, de gens qui font soit de l’humour ou bien, tsé, des personnalités publiques en général, il y a, des fois, comme un gros détachement entre la personne qui est sur scène ou devant l'écran ou… devant la caméra, dans l'écran ou… [rire]

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:01:55] Devant l'écran, c'est autre chose.

 

Mathieu Dufour : [00:01:56] Devant l’écran. Ceux qui écoutent, genre [inaudible 0:01:56]. Mais il y a souvent, tsé, un genre de personnage ou un détachement entre cette personnalité-là puis la personne dans la vraie vie. Puis, moi, je me rapproche vraiment de ça. Tsé, je me rapproche de… c'est un peu la même personne. Tsé, j’aime dire… un des compliments que j'aime vraiment, c'est mes amis qui me connaissent vraiment depuis longtemps, qui me disent : « Mathieu, quand on te voit sur scène, à la TV, sur tes réseaux sociaux – bla bla bla - c'est vraiment comme si tu étais à l’îlot, puis tu nous jases ». Tsé, il y a cette proximité-là que j'ai avec ce personnage de scène-là qui est pas vraiment un personnage, dans le fond.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:02:23] Bien, non, c'est ça. Bien, c'est réjouissant de voir que quand tu es authentique c'est aussi lumineux et positif. C'est beau.

 

Mathieu Dufour : [00:02:31] Bien, c'est le fun. Puis, tsé, je pense que c'est quand j'ai fini l'École de l'humour… j'ai tout le temps été une personne qui faisait rire le monde. J'aime ça m'amuser. Je suis un enfant, tsé. Tsé, je m'en venais ici, il y a une rue pas loin du studio, que c'est la rue Tupper, puis j'ai pensé pendant, genre, dix minutes dans ma tête, à faire une joke avec Tupperware. Puis, là, un anglophone qui s'est perdu, tu lui dis : « C'est la rue Tupper », puis, là, il est comme : « Where? » Je riais tout seul dans ma tête en m'en venant ici. Tu comprends? Ça va vite.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:02:51] En ébullition constante.

 

Mathieu Dufour : [00:02:53] En ébullition constante. Fait que, tsé, j'ai tout le temps été de même. J'aime m'amuser. J'aime ça, comme, jouer dans la vie. Mais j'étais négatif avant.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:02:59] Oui. OK. Tu as pas toujours, toujours, même, admettons, dans l'enfance ou à l'adolescence…

 

Mathieu Dufour : [00:03:06] Comme, adolescence, début d'adulte, j'étais… mes réflexes, dans ma tête, étaient négatifs. Même si j'aimais ça faire rire le monde, je me suis tout le temps amusé, mon réflexe était d'aller tout le temps vers le négatif, genre, dans des situations. Exemple, je me cogne l'orteil sur le coin d'une table, bien, genre, je vais être en tabarnache pendant deux heures. Tsé, ça pouvait, comme, scraper mon mood pendant vraiment longtemps. Manquer l'autobus. Parce qu'on dirait que c'est comme complaisant. Tsé, c'est le fun, en fait, de chialer dans ta tête.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:03:29] Est-ce que tu te victimisais un peu? Tu étais un peu le Caliméro de la vie « c'est trop injuste. Pourquoi ça arrive à moi? »

 

Mathieu Dufour : [00:03:34] Pas tant dans la victimisation, mais plus dans le genre, j'aimais ça chialer, c'est le fun chialer. Tsé, j'ai lu là-dessus après puis, comme, il y a vraiment de quoi, tsé, chimique, dans le cerveau qui te donne du genre de… c'est le fun. Tu comprends? C'est pour ça qu’il y a beaucoup de monde qui se tiennent dans cette zone-là. C'est ça. Fait que j'ai lu un livre/j'ai pris conscience de ça puis je me suis mis à jouer à switcher ça. Fait que, admettons, je m'en allais à la job - quand j'avais ma job étudiante, tsé, en sortant de l'École de l’humour – puis, là, bien, je me disais… là, je manquais mon autobus, bien, au lieu d'être comme : « Ostie! Là, je vais arriver en retard »…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:04:03] « Je suis en retard ».

 

Mathieu Dufour : [00:04:03] … nanana, nanana, je faisais comme… C'était ça le réflexe qui me venait puis, là, j'étais comme, OK, je vais jouer à un jeu, je vais le switcher. Puis, là, je respirais, je me disais : « Eille, sais-tu quoi, il fait beau soleil, je vais descendre St-Denis en écoutant de la musique puis je vais arrêter me chercher un petit café. Je vais texter ma boss : « Je serai 45 minutes en retard ». Puis si jamais il y a un problème, bien, je lâche cette job-là puis, genre, je vais aller... Tsé, dans le sens… Puis quand je me suis mis à faire ça, j'ai vraiment vu un gros changement. Puis les gens autour de moi ont vraiment vu un changement aussi. Fait que je me suis dit, bien, il faut jamais que j'arrête de faire ça, dans le fond.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:04:29] Ah, je comprends. Puis est-ce que tu penses qu'être positif ça peut être un vase communiquant avec l'ambition? Tsé, parce qu'on le sait, tu as parti un spectacle pendant la pandémie, un show, le Show-rona virus, dans lequel tu as dit, à la volée, dans ton grand positivisme légendaire : « Eille, moi, un jour, je vais faire le Centre Bell ».

 

Mathieu Dufour : [00:04:47] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:04:47] Chose qui s’est passée.

 

Mathieu Dufour : [00:04:48] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:04:49] Fait que j'imagine que quand on croit en la vie, la vie nous le rend bien.

 

Mathieu Dufour : [00:04:52] 100 %.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:04:53] Mais est-ce que tu es stratégique par rapport à ça? Là, tu l'as lancé à la volée, mais est-ce que tu as un plan de carrière, un plan quinquennal? Est-ce que tu sèmes beaucoup pour récolter ou c'est plus des choses qui te poppent puis qui arrivent?

 

Mathieu Dufour : [00:05:04] On dirait que, inévitablement, ça a vraiment parti organiquement, de lancer des affaires comme ça, tsé, puis que ça arrive, et tout. Puis, là, bien, vient avec ça, plus de monde qui te suivent, tsé, des projets, des plus grosses affaires. Fait qu'on dirait que le premier réflexe c'est d'essayer de te dire, bon, bien, je vais recréer ça. Tsé, je vais essayer de le stager, admettons. Puis j'ai essayé, des fois, de le stager, puis ça a pas marché du tout.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:05:24] Qu'est-ce que tu veux dire, que tu as essayé de stager?

 

Mathieu Dufour : [00:05:27] Bien, de dire, admettons, bon, bien, si je le dis ça va se passer, fait que, là, de, comme, essayer de me dire : « Ah, bien, je vais plugger d'avance ça parce qu'on veut faire ça ». Puis ça a pas marché pantoute. Ça venait pas, justement, d'une niaiserie, parce que quand ça vient d’une niaiserie, moi, ce que je vis en dedans, c'est vraiment comme un genre de flamme. Ça sonne super cliché, puis tout, mais je m'en contre torche, c'est ça qui m'allume, moi, de pousser une niaiserie trop loin puis de juste, comme… Les gens embarquent aussi. J'ai l'impression que les gens font partie du processus quand, ça, ça arrive, parce que les gens voient la genèse du projet puis ils se disent : « Voyons! Il est donc bien cave. Il l’a fait pour vrai ».

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:05:53] « On va le suivre là-dedans pour voir jusqu’où il va aller ».

 

Mathieu Dufour : [00:05:55] « On le suit pour vrai ». Puis c'est comme un gros trip de gang là-dedans, que je trouve vraiment le fun. Fait que, non, il faut pas le stager. Puis je me rappelle ça le plus souvent possible parce que plus ça avance, plus les projets sont d'envergure, plus, des fois, tu as de la pression de faire d'autres trucs d'envergure, et tout. Puis, non, mon modus operandi c'est vraiment, si ça arrive pas organiquement on le fait pas. Puis même à ça, de ramener ça à la base, de faire le moins d'affaires possible, les affaires bonnes que tu es supposé faire vont venir à toi, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:06:17] C'est quand même ambitieux de faire le Centre Bell. C'est quelque chose que tu as dit qui t'a peut-être rattrapé plus tard. Est-ce que tu as des techniques de visualisation par rapport à des grands événements comme ça où tu te présentes là « you come as you are »?

 

Mathieu Dufour : [00:06:31] Il y a définitivement des techniques de visualisation. On dirait que quand j'entendais parler de la visualisation avant, je voyais ça comme un peu trop intense, trop, genre, chamanique, de comme…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:06:39] Ésotérico-weird?

 

Mathieu Dufour : [00:06:41] Oui. Tsé, je suis très là-dedans. Tsé, je veux dire, je médite, je... Oui, ésotérisme et tout, je suis là. Tu comprends? Mais, des fois, il y a des affaires qui me font… je trouve ça too much. Fait que je pensais que dans ma tête, que, moi, la visualisation c'était de vraiment, tsé, passer quatre heures dans ton divan à dire, genre : « Je suis sur scène, les gens m’acclament ». Genre, des affaires de même, tsé. Mais j'ai compris, finalement, que ma visualisation à moi c'est venu pour apaiser de l'anxiété un peu que j'avais à un moment donné de… Je me suis rendu compte à un moment donné que, pour des événements qui venaient, tsé, dans le futur, souvent je me faisais des scénarios, des suppositions négatives.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:07:14] Ah, OK, ton cerveau allait automatiquement là.

 

Mathieu Dufour : [00:07:17] Oui. Imagine ce show-là. Un, eille, j'ai un show dans une semaine, c'est stressant. Imagine, ça va pas bien. Ah, le monde, genre, vont pas aimer ça. Imagine, nana, nanana. Fait que, là, une semaine avant un évènement j'étais dans un mood négatif, puis j'arrivais à cet événement-là, puis j'étais pas dans mes bonnes grâces. Tu comprends? J'étais pas dans mes bonnes énergies. Je sais pas.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:07:34] Oui. Un bon état d'esprit.

 

Mathieu Dufour : [00:07:36] Oui. Puis, finalement, ces shows-là, à un moment donné, je me rendais compte que ça allait bien. Puis, là, j'étais comme : « Fait que, là, je me sens comme une marde depuis une semaine, je me tape sur la tête, puis, finalement, j'arrive là puis je sors, puis 20 minutes après le show je suis vraiment content. C'est le fun. Fait que, là, pourquoi j'ai vécu ça toute la semaine? »

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:07:48] Oui. Puis le ratio fun/pas fun est pas égal. C'est pas payant pour toi. Oui.

 

Mathieu Dufour : [00:07:53] Non. Mon Dieu, la balance est… C'est ça. Exact. Je pense que c'est là que j'ai commencé à faire de la visualisation. Je me suis dit, je vais switcher ça de bord. Au lieu de me dire que ça va être de la marde une semaine d'avant, je vais me dire ça va être le fun une semaine d'avant.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:00] « J’ai hâte ».

 

Mathieu Dufour : [00:08:02] « J'ai hâte ». Puis, là, bien, quand le tiroir ouvrait : « Ah, ça s'en vient dans une semaine » je me disais : « Ça va full être le fun, je vais avoir du fun, ça va être malade. Merci, bonsoir ». Je refermais le tiroir puis je recontinuais ma vie. Fait que j'ai commencé à faire ça, puis en faisant ça, bien, c'est, on dirait, la clé la plus facile de visualisation pour moi, parce que j'applique ça à tout. Puis n'importe quoi qui arrive…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:19] Puis ça fonctionne.

 

Mathieu Dufour : [00:08:20] Mais ça fonctionne. Ça fonctionne. Puis, tsé, le Centre Bell, ça a bien beau… ça sonne gros parce qu’il y a beaucoup de monde puis, genre, c'est une place…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:26] C'est mythique.

 

Mathieu Dufour : [00:08:27] C'est mythique, nanana. Mais, au final, c'est juste que je l'ai bâti avec ma gang à moi. Puis je me disais, c'est 15 000 personnes qui s'en viennent me voir pour avoir du fun, fait que ça va être le fun. Fait que pourquoi ça serait pas le fun?, tsé. Fait que c'est ça que je me dis dans ma tête pour pas, comme, me créer de fausses émotions négatives pour rien, tsé, des suppositions. Tsé, après ça on pourrait rentrer dans, genre, dans les accords toltèques, tsé, de pas faire de suppositions dans la vie.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:47] Oui. Rien prendre personnel.

 

Mathieu Dufour : [00:08:50] Oui. La parole impeccable. Bla bla bla. Mais pas faire de suppositions, c'est une des affaires que j'applique le plus… j'essaie de plus appliquer en ce moment. Puis je trouve que c'est le fun, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:56] Parce que c'est pas vrai que ça nous protège d'imaginer le pire.

 

Mathieu Dufour : [00:08:58] Non.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:08:59] Tsé, des fois on se dit : « Ah, bien, comme ça je pourrai pas être déçu ».

 

Mathieu Dufour : [00:09:01] Exact.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:02] Mais, au contraire, parce que tu te mets dans une mauvaise énergie puis tu passes des jours justement à…

 

Mathieu Dufour : [00:09:06] À 100 %. Puis il existe… Tsé, je le sais pas à quel point, mais, tsé, dans plein de sphères, dans plein de domaines, le monde, ils pensent, tsé, à des situations comme…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:14] Des catastrophes.

 

Mathieu Dufour : [00:09:15] Oui, catastrophes. Puis je pense que c'est bon de le faire dans certaines situations, mais il faut que la majeure partie de ton focus soit sur le positif, sur l'évènement. Mais tu peux te laisser une porte, tsé, de…« Ça se peut que ça aille pas bien ».

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:24] Le calcul de risque versus...

 

Mathieu Dufour : [00:09:25] Tsé, admettons, tu es agent de sécurité pour le président des États-Unis…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:27]. Admettons.

 

Mathieu Dufour : [00:09:28] Tu as pas le choix, tsé, de te faire un scénario de, comme, on le sort, par quel tunnel le beau Joe Biden?

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:34] « Ça va bien aller! Il y en a pas de terroristes ».

 

Mathieu Dufour : [00:09:34] « Eille, ça va bien aller. Eille, je vous laisse mon gun dans le char ».

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:09:37] [rire] « Je vais faire confiance à la vie. Je suis positif, moi ».

 

Mathieu Dufour : [00:09:39] « Dans le fond, ça va bien aller ». Mais c'est ça. Puis après ça, j’ai pris une situation extrême de, genre, garder le président des États-Unis, mais je pense que ça arrive quand même. Tsé, admettons, au Centre Bell, on était devant 15 000 personnes puis à un moment donné – tsé, c'était capté - fait que, à un moment, il y a une affaire que ça a, comme, bogué. Fait que, là, il fallait le… Mais, tsé, moi, j'y avais pensé de ça, j'étais comme, s’il y a de quoi qui arrive, bien, reste calme puis fait juste le reprendre, puis…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:02] Bien, oui. Puis, aussi, de prendre pour acquis que si les gens sont là c'est parce qu’ils t'aiment. Prendre l'idée que l'amour est là…

 

Mathieu Dufour : [00:10:07] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:08] … plutôt que l’amour est pas là, puis est à gagner.

 

Mathieu Dufour : [00:10:11] Puis, moi, honnêtement, j'ai souvent dit que j'ai basé ma carrière sur… parce que je suis peureux.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:14] Ah oui?

 

Mathieu Dufour : [00:10:15] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:15] Intéressant.

 

Mathieu Dufour : [00:10:16] En sortant de l'École de l’humour, moi, j'avais rien dans la vie. Moi, tous les gens qui me préparent d'avance en me disant que quelque chose va être, genre, épeurant, ça va être dur, nanana, je les crois pas. Je les crois pas. Je me dis, non, moi ça va être le fun.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:23] Ça va marcher.

 

Mathieu Dufour : [00:10:24] Moi, ça va être le fun. Je me ferai pas chier, ça va être le fun. Fait que, tsé « Ah, l’humour, les bars, faire des shows, le monde qui te tirent des pichets de bière ». Tsé, genre, le monde qui virent, tsé, ils te disent des affaires pas de bon sens. Tsé, c'est ta tante qui te dit ça, du Saguenay, je veux dire, qu'elle a jamais été à Mon… Tsé, admettons…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:37] Mais les acteurs aussi. Beurre de pinottes. « Tu vas manger du beurre de pinottes ». Tout le monde nous prépare à la pauvreté extrême.

 

Mathieu Dufour : [00:10:42] Oui. Oui, oui, oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:10:43] Ah oui. Au malheur.

 

Mathieu Dufour : [00:10:44] Mais 100 %. Puis, tsé, admettons, on peut même appliquer ça dans tes relations amoureuses, nanana. Tsé, je veux dire, moi, tout le monde me dit tout le temps… Moi, j'ai jamais été en couple à part récemment, tsé, puis ça a été full facile. Ça a été full facile, full beau parce que j'ai voulu que ça soit full facile puis full beau puis je me suis pas mis dans des situations que ça allait être compliqué ou, tsé, je me suis pas fait chier, admettons.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:11:00] Mais dans cette optique-là, de gars qui fonce, es-tu quand même parfois habité par la peur de l'échec, ou ça te traverse jamais l'esprit?

 

Mathieu Dufour : [00:11:08] Ça me traverse l'esprit. Ça me traverse l'esprit, puis même que je commence à trouver ça attirant, l’échec.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:11:13] Ah bon! OK. Dans quel sens?

 

Mathieu Dufour : [00:11:16] Bien, on entend vraiment parler ça dans plein d'affaires, tsé, quand tu lis des biographies de gens qui sont vraiment successful, qui ont, genre, les plus grosses business au monde, puis qui sont les personnes les plus comme… qui réussissent le plus dans leur domaine, bien, on dirait que tu lis leur CV puis, genre, ils ont plein de flops. Beaucoup de flops, tsé. Puis pour mon cas à moi, vu que ça a été rapide, mes affaires, avec vraiment tout le temps des… comme des beautés, des réussites, des l'fun, nanana, on dirait que si tu veux pas flirter avec l'échec ou tu veux pas, comme, accepter que ça existe, ça peut devenir plus anxiogène de dire : « Ostie! Bien, je le ferai pas ce projet-là parce que, genre, je veux pas me planter. Je le ferais pas ce projet-là parce que je veux pas me planter ».

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:11:50] Oui, oui, oui. Là, je suis sur une parfaite lignée.

 

Mathieu Dufour : [00:11:52] Parfaite lancée, bla bla bla. Genre : « Non, non, genre, pétez-moi la gueule, ça me dérange pas puis, genre, je vais apprendre ». Puis, genre, d'essayer des affaires. Puis plus tu t'exposes, plus il y a des gens, en plus… Tsé, l’humour, c'est-tu aimes ou tu aimes pas, fait que c'est quoi une réussite, dans le fond, en Our?

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:05] 100 %.

 

Mathieu Dufour : [00:12:06] Tsé, les gens, je suis super mal de parler de mon show sur Netflix, des fois, parce que le monde sont comme : « Puis? » Ils veulent savoir, genre, c'est-tu bon, c'est-tu pas bon. Moi, j'ai eu du fun à faire, j'ai fait de mon mieux à ce moment-là.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:14] Puis, toi, tu es fier de toi.

 

Mathieu Dufour : [00:12:17] Oui, exactement. Puis, genre, j'aurais-tu pu faire mieux?

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:18] Oui. Parce que le show au Centre Bell devant 13 000 personnes, est sur Netflix aussi. Je le sais pas si je l'ai dit comme il le faut, mais en plus il y a l'autre étape. Il y a pas beaucoup d'humoristes au Québec qui sont sur Netflix.

 

Mathieu Dufour : [00:12:27] Non. Non, c'est ça. Puis après ça, bien, de faire ça, de te démarquer du lot, puis de te sortir du lot, puis de faire des affaires que personne ont jamais fait, bien, genre, il y en a une maudite gang qui va juste t’haïr puis ils vont te taper sur la tête, puis ils vont te faire chier, puis ils vont dire que tu es pas bon.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:37] Tu vis-tu bien avec ça?

 

Mathieu Dufour : [00:12:38] Bien, de plus en plus. Vraiment. Vraiment. Vraiment.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:40] Mais je trouve ça vraiment inspirant. Puis je te trouve chanceux d'être de même. Je le sais pas, c'est pas donné à tout le monde de voir la vie avec des…Je dis pas voir la vie avec des lunettes roses, de manière…

 

Mathieu Dufour : [00:12:50] Naïve. Oui, oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:12:51] Oui c'est ça. Non, ce que je veux dire c'est de voir le positif. Mais je me questionne encore sur ton apprentissage avec ça. C'est un déclic qui est arrivé? Est-ce que tu viens d'un bassin extrêmement positif? Sans rentrer dans le grand personnel, tsé, tu te considères chanceux d'être de même ou tu l'as travaillé ton bonheur?

 

Mathieu Dufour : [00:13:05] Vraiment pas de la chance, genre vraiment pas de la chance.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:13:06] Tu l’as travaillé.

 

Mathieu Dufour : [00:13:07] Parce que, comme, les trois mois où j'ai décidé de faire le switch, tsé, genre, constamment tu es en train de faire des efforts, constamment, pour te dire, genre, non je vais pas dire… Parce que c'est vraiment plus facile d'avoir des résultats immédiats dans le négatif. Je suis pas en train de dire…puis, après ça, j'aime pas ça parler de ça dans cet angle-là, on dirait, parce que jamais je vais me mettre en situation de « j'ai travaillé fort, j'ai… », nanana.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:13:26] Tu pourrais.

 

Mathieu Dufour : [00:13:28] Mais je travaille vraiment fort puis, genre, c'est plus demandant de se garder dans cet état d'esprit-là que d'aller dans le négatif puis dans la victimisation. Fait que, non, c'est pas de la chance. Puis je suis content. Puis ça me demande du travail tout le temps. C'est pas une affaire que tu arrives, tu t'assois puis, genre, tsé, c'est pas comme une porte que tu rentres, puis une fois que tu es de l'autre bord, c'est fait. Merci, bonsoir.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:13:45] C'est réglé.

 

Mathieu Dufour : [00:13:47] C'est tout le temps. Parce qu'après ça les enjeux deviennent différents. Il y a d'autres affaires. Il y a tout le temps, genre, une affaire qui pop dans ton angle mort que tu es comme : « Voyons! Encore une autre ». Mais c'est en faisant ça, moi, que je me valorise le plus, je pense, en étant capable de faire ça, tsé, Je le sais pas. Tsé, quand je suis parti du Saguenay puis je suis venu à Montréal, c'était impossible pour beaucoup de monde, tsé, dans mon entourage, justement, que ça marche, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:14:06] De réussir.

 

Mathieu Dufour : [00:14:08] Mais, moi, je le savais que ça allait fonctionner puis que… let's go! Tsé, on le fait. Baby steps, ça va mener, à un moment donné, à quelque chose, tsé. Puis, ça, on dirait que c'est fait, fait que, là, je me dis, genre, pourquoi pas d'autres choses? Tsé, des affaires qu'à mon âge, je pense, qui sont impossibles, puis de juste appliquer le même processus, puis de m'amuser là-dedans, puis de le faire. Tsé, j'ai le goût de peut-être aller faire, tsé, des trucs aux États-Unis, en Europe.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:14:25] Pourquoi pas?

 

Mathieu Dufour : [00:14:26] Fait que le monde… Moi je le sais dans ma tête que c'est full faisable, mais, tsé, les gens autour, c'est comme : « Bien, oui, mais tu es québécois, tu peux pas. Tu peux pas », nanana. Et, ça, là, c'est rendu que, moi, ça me drive bord en bord. Je suis comme : « Parfait! Super! Hi hi » Genre, j'ai comme l'impression que mon envie en ce moment c'est juste de me mettre, genre, dans un bunker puis de travailler sur moi puis de juste, comme, on se reverra dans dix ans puis…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:14:48] On verra.

 

Mathieu Dufour : [00:14:49] … moi, je le sais ce que je vais avoir accompli. Puis même si c'est pas comme le top, bien, déjà, quand tu fonces vers un objectif tu fais déjà plus d'affaires que si tu y étais pas allé, tsé, fait que…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:14:54] Mais c'est tellement beau d'avoir des rêves, c'est même pas donné à tout le monde. Fait que j'espère que quand on voit quelqu'un qui a un rêve…

 

Mathieu Dufour : [00:15:00] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:01] … c'est important de l'encourager. C'est juste tellement beau.

 

Mathieu Dufour : [00:15:02] Le monde ont de la misère en maudit avec ça au Québec.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:03] Mais ça crée de la jalousie peut-être un peu.

 

Mathieu Dufour : [00:15:05] Oui. Oui, oui, oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:06] C'est ça qu’on sent.

 

Mathieu Dufour : [00:15:07] Une métaphore, moi, que je trouve vraiment bonne, c'est la métaphore de l’arène dans la vie. Tsé, un peu comme les gladiateurs. Tsé, tu es dans l'arène, tsé, genre, les gens qui font des efforts, les gens qui essayent, les gens qui courent après leurs rêves, le monde...

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:14] Tu es dans le sang. Tu es dans le sang, tu es dans la bave, « Toi, je vais prendre tes commentaires ».

 

Mathieu Dufour : [00:15:18] 100 %. Tu es gentil, tu es assis dans l'estrade, tu manges en popcorn puis tu nous regardes, mais, genre, sais-tu quoi….

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:20] « À ta place j'aurais pas fait ça de même ».

 

Mathieu Dufour : [00:15:23] Oui, genre, javelot.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:24] Ah, 100 %.

 

Mathieu Dufour : [00:15:26] Même pas. J'aurais pas dû lancer un javelot. Écoute, je juge pas ces commentaires-là, mais, genre, tu as du sang sur l'épaule, tu es en train de manger du sable, dis moi des commentaires. Je veux tout savoir parce que si, toi tu me le dis, c'est parce que, genre, ça peut m'apporter quelque chose, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:35] Oui. Les critics from the cheap seats comme on dit en bon français.

 

Mathieu Dufour : [00:15:38] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:38] Oui, je suis d'accord. Mais ton parcours est vraiment intéressant, ton discours aussi. Et je sais que, mais pour beaucoup de monde, peut-être, des fois, ils se disent : « Oui, mais, ça, ça arrive juste aux autres. Lui, c'est une exception ». Tsé, c'est l'exception qui confirme la règle.

 

Mathieu Dufour : [00:15:50] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:15:51] Mais je me questionne si le positif et croire en ses rêves, ça a un réel impact concrètement dans notre vie. Puis, pour ça, j'aimerais ça poursuivre la discussion avec la psychologue, la docteure Véro Menard. Est-ce que tu veux rester avec nous?

 

Mathieu Dufour : [00:16:02] Bien, 100 %. 100 %. Imagine, je pars.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:16:03] Pas besoin de ça, j’ai tout compris.

 

Mathieu Dufour : [00:16:06] Non, je suis parké en double. Bye. Oui, c'est full intéressant. Ça me tente.

 

[TRANSITION]

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:16:09] Psychologue docteure Véro Menard, merci tellement d'être là. Je te présente rapidement. Tu es conférencière formatrice en plus d’être psychologue. Et tu as lancé une plateforme qui s'appelle psytusavais.com. Et ça donne des ressources en santé mentale. Et quoi dire de plus? Ah oui, tu as aussi une chaine Tik Tok. Mon Dieu, vous avez plein d'affaires en commun.

 

Mathieu Dufour : [00:16:30] Bien, oui. Mon Dieu!

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:16:29] C'est formidable! Véro… Je t'appelle Véro?

 

Véro Menard : [00:16:31] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:16:31] Est-ce que tu penses que ça peut aider concrètement les gens dans leur vie d'être positifs? Est-ce que ça a un réel impact?

 

Véro Menard : [00:16:38] Absolument. Absolument. Puis, a contrario, si on a des idées puis qu'on entretient des a priori, des cognitions négatives, bien, ça nous amène aussi à peut-être un peu plus programmer des évènements négatifs dans notre vie. Donc, bien sûr que quand on est dans une mentalité, qu'on a une perception de la vie, du futur, des gens et de soi-même, qui est positive, bien sûr que ça nous amène à prendre des choix puis des actions qui concrétisent plus facilement ce qu'on veut, admettons.

 

Mathieu Dufour : [00:17:06] On dirait que ça marche un peu comme un gros aimant.

 

Véro Menard : [00:17:09] Oui.

 

Mathieu Dufour : [00:17:10] Ça fait de toi un gros aimant. C'est dans un moule. Mais, moi, je m'en rends compte, ça m'arrive des fois d'être dans des passes comme, je sais pas, plus… Tsé, au début de l'année ou, tsé, quand tu es dans des passes un peu plus veg, j'ai l'impression que c'est… on dirait qu'il y a moins de magnétisme puis de magie qui arrivent parce que, comme, je suis plus éteint.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:17:22] Tu émanes de moins de…

 

Véro Menard : [00:17:23] Tout à fait.

 

Mathieu Dufour : [00:17:24] Oui.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:17:25] Oui, je comprends. Mais, aussi, c'est pas ésotérique de dire, donc, avoir une attitude positive, ça a un impact dans la réalisation de ses rêves, d'atteindre ses buts. C'est pas juste d'avoir une belle vie, c'est d'avoir ce qu'on veut, au final. .

 

Véro Menard : [00:17:36] Bien, oui, tsé. Puis au-delà… Tsé, comme, moi, comme psychologue, comme docteure en psychologie, je suis une scientifique. Puis selon mon code de déontologie, il faut que je parle, tsé, de la science que je connais puis que je maîtrise. Mais au-delà de ça, je suis un être humain avec des croyances. Donc au-delà de la spiritualité, ça a été vraiment démontré – puis, moi, juste de mon expérience clinique, je l'ai vu à répétition - des gens qui ont changé de mentalité. Mais ils ont eu - bon, ça c'est un long sujet – mais, tsé, ils ont travaillé aussi sur leurs blessures du passé pour changer cette vision-là. Donc pas juste adopter un peu artificiellement des pensées positives puis des comportements - le bon comportement - etc. Mais ça a eu des gros impacts à long terme puis même des changements majeurs dans leur vie, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:18:14] Donc pour apprendre un peu à être dans la lumière il faut faire un petit peu la paix avec l'ombre du passé, si j'ai bien compris?

 

Véro Menard : [00:18:19] Oui, oui, absolument.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:18:20] Mais la nuance que j'aimerais amener c'est, est-ce qu'on peut-être trop positif? Est-ce qu'il y a une positivité qui peut-être toxique?

 

Véro Menard : [00:18:25] Tout à fait. Vraiment. Même, tu vois, tu disais ça puis, là, je repensais à tous les posts Facebook qu'on voit passer. Tsé « Souris, la vie est belle. Quand on veut, on peut ». C'est invalidant pour la souffrance. Puis juste être positif artificiellement en adoptant puis en ignorant la souffrance qu'il y a en dessous on passe à côté de la chose. Puis, souvent, la blessure ou les problèmes, admettons, de consommation…

 

Mathieu Dufour : [00:18:48] C'est juste mettre un cadre devant le trou du mur.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:18:50] Belle image.

 

Véro Menard : [00:18:50] Oui. Puis tu déplaces puis ça va repopper ailleurs. Puis ce genre de post-là, c'est le fun, c'est encourageant, j'aime ça - tsé, moi, je suis une fille positive, de base, en dehors de ma job de psychologue – mais il faut faire attention pour pas invalider non plus les souffrances puis l'expérience des gens. Tsé, fait que c’est un équilibre entre les deux. Il faut considérer ce que tu vis comme souffrance, puis le soigner, puis aussi te mettre dans cette posture-là.

 

Mathieu Dufour : [00:19:11] Puis c'est pour ça que je trouve ça tout le temps touché de parler de ça. Parce que, exemple, quelqu'un qui pogne ce podcast-là, qui me connaît pas puis qui fait juste voir ça, on dirait que je me sens, des fois, c'est pas de la magie, c'est pas…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:19:21] C'est pas un coup de baguette magique.

 

Mathieu Dufour : [00:19:23] C'est pas un coup de baguette magique, c'est pas de la magie. Puis, genre, j’en ai des problèmes dans ma vie, des situations que je dois, comme, gérer. Puis, genre, c'est pas tout noir ou tout blanc.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:19:30] Oui. Positif, ça ne veut pas dire de pas avoir de peine, de pas prendre ses problèmes par les cornes, de pas… C'est ça.

 

Véro Menard : [00:19:37] Oui, oui, oui. Puis si tu le fais pas tu passes à côté de quelque chose, On va se le dire, si, admettons, dans un couple, il y a pas de dispute, dans une amitié, dans un partenariat, il y a pas…

 

Mathieu Dufour : [00:19:43] C'est impossible.

 

Véro Menard : [00:19:44] C'est impossible. Il y a quelque chose qui va pas, tsé. Puis en schéma-thérapie, OK, on décrit les différentes parties de nous. Comme, par exemple, ton enfant triste et vulnérable qui arrive avec tes blessures du passé, ton critique qui te juge, qui te dévalorise, qui est sévère avec toi, ta sauveuse qui donne tout à tout le monde puis qui se sacrifie puis qui oublie tes besoins affectifs. Puis dans ces parties-là, il y en a un qui s'appelle le magicien. Puis le magicien, en fait, il met de la petite poudre de perlimpinpin partout puis il fait semblant que tout va donc bien, puis tu t'aimes donc plus que tu t'aimes vraiment, tsé. Puis, là, on est dans des mécanismes de défense. C’est un problème.

 

Mathieu Dufour : [00:20:17] Souvent je vois vraiment l'image, tsé, dans n'importe quelle sphère de ma vie, de la construction d'un building. J'ai l'impression que si tes fondations sont comme rancies, pourries, puis qu'ils tiennent pas, puis tu essaies de remettre des étages par-dessus, je veux dire, ça peut avoir l'air le fun puis que tu es en train de faire la bonne affaire dans le moment, mais si tu es pas allé affronter…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:20:32] Tu as pas fait la paix…

 

Mathieu Dufour : [00:20:33] … le sous-sol pour refaire repieuter ta fondation, bien, ça va péter dans deux ans. Tsé, fait qu’on dirait que…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:20:37] Encore une belle image, Mathieu.

 

Véro Menard : [00:20:40] En fait, c'est drôle parce que, moi, je suis spécialiste des traumas puis des troubles de la personnalité puis quand j'explique aux gens, quand je travaille avec quelqu'un en psychothérapie, disons, quelqu'un qui a un trouble de personnalité limite, je lui explique que sa personnalité, dont les cognitions qu'il a adoptées quand il était enfant, les schémas de pensées, c'est la fondation de sa maison et que ça sert à rien de poser des belles fenêtres puis des belles guirlandes, puis des belles lumières…

 

Mathieu Dufour : [00:21:01] Non, tu vas aller…

 

Véro Menard : [00:21:02] Ça va être tout croche.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:21:03] Est-ce que ça a un lien avec le fait que, naturellement, il y a des gens qui ont des tempéraments négatifs? On naît pas tous égaux en cette manière-là. Comment tu expliquerais ça qu'il y a des gens qui voient le verre d'eau à moitié vide plutôt qu'à moitié plein?

 

Véro Menard : [00:21:13] Ah, c'est une super bonne question.

 

Mathieu Dufour : [00:21:14] C'est bon, ça. C'est une bonne question.

 

Véro Menard : [00:21:16] C'est une bonne question. Bravo!

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:21:17] C'était sur ma feuille, par contre. Je veux pas me donner trop de mérite. Mais ça m'intéresse pour vrai.

 

Véro Menard : [00:21:23] Je te dirais qu'en fait-il y a vraiment… c'est un beau mixte. En psychologie, que ce soit un trouble ou un beau côté, c'est vraiment difficile de tout défaire la recette puis dire : « Ah, c'est cet ingrédient qui fonctionne. OK ».

 

Mathieu Dufour : [00:21:33] C'est du cas par cas, souvent, puis ça dépend des…

 

Véro Menard : [00:21:34] Oui. Mais on peut dire que dans ça, dans la personnalité, c'est un mixte, je te dirais, un beau mixte entre les deux. C’est-à-dire qu'on vient au monde avec un bagage génétique qui nous a été transmis - merci papa, merci maman – que, entre autres, il y a des traits de tempérament. Donc on peut-être plus du côté névrotique, on peut-être plus du côté calme. Ça, c'est vraiment dans notre génétique. Est-ce que ça fait de nous quelqu'un de négatif? Non. Par contre, quand tu es plus, par exemple, dans le côté pessimiste au niveau du tempérament et que, durant ton enfance…

 

Mathieu Dufour : [00:22:01] Ton environnement est…

 

Véro Menard : [00:22:01] Oui. Tes besoins affectifs sont pas comblés, ton père a le schéma négativité pessimisme. À chaque fois qu'il arrive quelque chose de beau il fait comme : « Oui, là, c'est bien beau, mais watch out…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:22:09] « Mais check bien demain ».

 

Véro Menard : [00:22:11] Oui, c'est ça. Exactement. C'est quoi la prochaine affaire.

 

Mathieu Dufour : [00:22:12] Il sacre quand il chauffe. Puis tsé, au volant, tout le temps tu baignes là dedans.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:22:15] La vie est un affront.

 

Mathieu Dufour : [00:22:18] Oui, 100 %.

 

Véro Menard : [00:22:18] Puis, là, oups, à 10 ans ta maison passe au feu, l'assurance couvre pas, vous recommencez à zéro. Quand tu rajoutes, dans le fond, à ton tempérament que tu es né avec, les schémas de tes parents, de la manière qu’ils t'élèvent, qu’ils te parlent, qu’ils pensent, et les événements de la vie puis ce qui t'arrive dans ton enfance, bien, là, ça vient cristalliser pourquoi une personne… Puis quand on fait l'évaluation, en psychologie, justement, avant de commencer une psychothérapie ou avant d'émettre un diagnostic, c'est justement tous ces morceaux de la recette-là qu’on va évaluer.

 

Mathieu Dufour : [00:22:45] Les comprendre puis d’aller voir. Oui, oui, oui, oui.

 

Véro Menard : [00:22:47] C'est pour ça, aussi, que des fois tu as quelqu'un… Tsé, exemple, toi puis toi, puis moi aussi, des fois, tu fais comme : « Maudite journée de schnoutte. Il y a rien qui marche ». Mais il y en a d'autres, par exemple, qui passent leur journée comme ça puis ils sont en état dépressif depuis longtemps. Mais il y a des… Tsé, c'est sur un continuum, dans le fond, tsé. Fait que c'est pour ça que c'est intéressant de regarder dans, oui, le tempérament, la personnalité, les expériences de vie, les cognitions, etc. C’est un tout.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:23:07] Ça serait ça, pour toi, les techniques, à ce moment-là, pour développer sa positivité?

 

Véro Menard : [00:23:13] Oui. Puis d'autres choses. Tsé, dans le sens que, tsé, moi, si on pouvait… si je pouvais je changerais tout le système de la santé, puis tout le monde pourrait avoir une psychothérapie parce que je pense qu'on on en a tous besoin.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:23:22] Tout le monde en bénéficierait.

 

Véro Menard : [00:23:23] Tout le monde en bénéficierait.

 

Mathieu Dufour : [00:23:25] Moi, admettons, j'ai bien beau dire tout le temps que, tsé, je suis positif, j'ai du plaisir maintenant, mais, ça, c'est comme un gros… la majeure partie de mon temps. Mais, genre, dans mon cellulaire, j'ai une note avec tous mes problèmes. J'aime ça moi aussi. Je fais beaucoup de…

 

Véro Menard : [00:23:39] D'introspection?

 

Mathieu Dufour : [00:23:39] D'introspection pour, genre, je sais que quand telle affaire arrive, genre, je snap. Ça a bien beau être mon… Tsé, j’ai mes problèmes aussi que, genre, je veux aller, tsé, chercher, mais, c'est ça, c'est comme un pourcentage qui est plus élevé de j’essaie de me maintenir dans le positif. Mais tout le monde a des problèmes puis tout le monde a des situations qui sont, comme, aberrantes puis trash, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:23:54] Bien oui. Puis on parlait d'équilibre tantôt entre, justement, faire la paix avec le passé, mais trouver des techniques pour le présent aussi. J'aimerais t'entendre sur… Je veux pas poser de jugement sur aucune de ces techniques-là, mais, tsé, tout ce qu'on entend sur les réseaux sociaux, de, les lois de l'attraction, si tu l'envoies dans l'univers ça va te revenir, les vision board, qu'est-ce que tu penses de ces techniques-là? Est-ce que, pour toi, c'est des - en bon français - des quick fix ou il y a du bon? Bref, c'est un peu…

 

Véro Menard : [00:24:17] Bien, oui puis non. Donc on va défaire un peu comme… Parce que je verrais ça comme des différents morceaux. Fait que, tsé, c'est sûr, là, je me lancerai pas, admettons, sur des explications concernant, admettons, justement, qu'est-ce qu'on lance dans l'univers puis qui nous revient, puis tout ça. Même si, admettons, comme la petite fille à l'intérieur de moi, l'être humain à l'intérieur de moi, en dehors de la psychologue, je peux avoir des croyances qui touchent à ça, tsé, je veux pas trop… Mais, par contre, pour le reste, fait que, admettons, on pense à, tsé, tu en parlais tantôt de techniques de visualisation, puis il y en a mille et une, ou encore de vision board, on est à peu près dans la même chose. Moi, j'ai déjà fait faire, à des patients ou à moi-même, même, des exercices de s'écrire, dans cinq ans, où tu te vois exactement puis… Pourquoi ça a été démontré comme efficace, en dehors de mon expérience clinique, de l'avoir vu, puis mon expérience d'être humain, c'est que tu te mets dans un mindset, hein, tu te mets dans un état où tu le vois comme possible. Fait que juste en le voyant comme possible tu vas déjà plus avoir l'attitude, les propos, les cognitions, adopter les bons choix, les actions, voir des opportunités que tu aurais pas vues normalement.

 

Mathieu Dufour : [00:25:19] Oui. Oui, oui, oui, oui.

 

Véro Menard : [00:25:20] Les gens aussi, quand ils vont s'adresser à toi, si tu as cet état d'esprit-là, bien, c'est plus excitant, c'est plus sexy. Tsé, ça donne le goût de collaborer avec toi, admettons. Je dis n'importe quoi. Fait que, oui, j'y crois. Puis, oui, c'est important. Mais, admettons, tu me demanderais, avec mes patients, en psychothérapie, on n’arrive pas là dans les deux premières séances.

 

Mathieu Dufour : [00:25:37] Non, Exactement. Oui. Oui, oui, oui.

 

Véro Menard : [00:25:39] On peut travailler pendant un an sur les blessures d'aujourd'hui puis du passé avant de commencer à adopter des stratégies comme ça.

 

Mathieu Dufour : [00:25:44] Oui. Cette affaire-là de loi d'attraction, et tout, tsé, des fois, on dirait que ça sonne… puis, tsé vraiment ésotérique puis comme machin machin, mais, tsé, moi, l'affaire que j'aime le plus c'est de l'appliquer pour moi puis selon ce que, moi, j'ai envie de faire. Puis une affaire que j'avais lu à un moment donné, que j'ai trouvé super intéressant c'est, comme, tsé, quand tu es plus jeune où que tu vas avoir une paire de lunettes pour la première fois. Vous avez pas de lunettes, mais je le vois si vous en avez déjà portées.

 

Véro Menard : [00:26:01] J'en ai déjà eues.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:26:01] Moi aussi, j’en ai eues.

 

Mathieu Dufour : [00:26:02] Moi, quand j'ai appris que j’avais… Quand tu mets ton focus sur quelque chose, tu le vois plus dans la vie en général. La première fois que tu portes des lunettes, bien, genre, tu vas au centre d'achat, tu dis : « Ah, mon Dieu, tout le monde a des lunettes ». Tu vois tout le monde qui a des lunettes. Tu vas changer de char. Tu as un nouveau char, admettons. Tu as telle marque. Dans la rue, tu vas voir tous les chars de cette marque-là. Fait que si tu te mets un objectif, c'est la même affaire. C'est comme si ton cerveau, il pense à ça, donc les affaires qui pourraient t'aider à accéder à ça, tu vas-y penser. Si, admettons, tu es dans une job que t'aimes pas, tu te dis : « OK. Là, regarde, je me choisis, je veux être heureux, je switch de job », tu te dis ça un matin. Mais si tu vas prendre un verre le soir avec tes amis, puis il y a quelqu'un autour de la table qui dit, genre : « Eille, moi, ma cousine, elle travaille à telle place, puis ils cherchent quelqu'un », si le matin tu t'es levé puis tu étais en crisse, puis tu as pas voulu faire de changement, bien, tu vas prendre ton verre puis tu vas continuer la conversation avec ton ami. Tu vas l’entendre, ça, puis tu vas dire…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:26:45] Tu étais ouvert à ce genre de perche-là.

 

Mathieu Dufour : [00:26:47] … « Non, non, non ». Si tu t’es dit ça le matin, tu fais juste mettre ton focus là-dessus, cette personne-là, tu vas dire : « Hein, c'est quoi? » OK. Ça devient une possibilité. Fait que, moi, c'est ça que je trouve le fun. Il y a pas de magie là-dedans. Un peu, peut-être, mais principalement c'est de la logique de mettre les efforts vers un objectif, tsé.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:27:02] Mais ce qui est intéressant dans ce que tu dis, je trouve, c'est que, admettons, on s’écrit une lettre dans cinq ans, c'est de se projeter bien, c'est de se projeter dans un bon état d'esprit, c'est pas de se projeter, je ne sais pas, dans une nouvelle job ou plus mince, de dire je vais être bien. Je vais investir dans son bonheur, on dirait que ça devient comme, ça guide ton objectif.

 

Véro Menard : [00:27:21] Oui. Puis, après, les détails deviennent moins importants. C'est comment tu veux te sentir. Fait que, après, comment tu te rends ou ce que ça va avoir l'air, bien sentir, c'est pas vraiment important de le savoir, tsé. Je trouve ça super intéressant de faire ça, cet exercice-là. Entre autres, le vision board rentre là-dedans aussi, puis les différentes formes de visualisation. Mais celui-là, je l'aime particulièrement. Parce que l'être humain, comme bibitte vivante, tsé - au-delà même d'être humain on est des animaux - on a une tendance naturelle pour survivre, à projeter sur le futur les inquiétudes, à être sur nos gardes. L'anxiété, c'est super important, ça nous permet de survivre dans le monde. Fait que c'est un peu comme, quand même, une tendance naturelle à l'intérieur de nous. Ça, c'est un peu comme un shortcut. Mais, tsé, comme on l'a dit tout au long du podcast, je pense, ça peut pas juste être ça. Tu peux pas avoir des problèmes depuis que tu es tout petit, pas les adresser, pas les mettre dans tes notes pour un jour travailler dessus, faire comme s'ils existaient pas, puis faire ça, puis, là, tout va bien aller. Ça se peut que tu te rendes à ce chemin-là, mais, là, il y a des blessures que tu passes à côté.

 

Mathieu Dufour : [00:28:18] C'est, genre, c'est une pilule que tu prends pour pas sentir la douleur à ta cheville, mais, genre, tu cours quand même puis, genre, tu la pètes encore plus.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:28:23] Mais oui, tout à fait. Pour engourdir.

 

Mathieu Dufour : [00:28:26] C'est un Advil. C'est un Advil.

 

Véro Menard : [00:28:28] Un Advil, ça dure juste sept-huit heures, hein.

 

Mathieu Dufour : [00:28:29] Oui, exactement.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:28:30] Mais, aussi, admettons qu'on projette puis on se dit… Parce que, tsé, il y en a des risques. Quand on tente quelque chose, il y a un potentiel de risque. C'est normal d'en parler, de ce qui peut être négatif, qui va arriver. Peut-être qu'il faut changer notre vision de l'échec en soi aussi. Comment tu vois ça, toi, l'échec?

 

Véro Menard : [00:28:46] Oui, bien, c'est une question importante parce qu'on est dans une société – puis, là, je parle comme si je parlais de 2023, mais c'est de même depuis 200 ans - on est dans… la société nous renvoie de la valorisation extrinsèque, une valorisation qui est accordée en fonction de ce que tu donnes, ce que tu as, ce que tu as l'air, combien d'argent tu as. Quand tu es à l'école, c'est tes notes. Ton titre, ta prestance. Bref, on apprend à nos tout-petits - on apprend ça quand on est tout petit aussi - tout le système. Même les religions, même le système scolaire, ça fonctionne tout comme ça, à la punition puis aux récompenses. Puis les récompenses vont avec ce que tu donnes, ce que tu fais, ce que… Pas qui tu es à l’intérieur.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:29:26] Ta performance.

 

Véro Menard : [00:29:27] Oui. Alors que, dans le fond, l'échec c'est super important. Tu connais-tu quelqu'un, toi, qui a réussi puis qui a jamais eu aucune bévue sur son chemin, qui s'est jamais planté, qui a jamais eu… Non, l'échec c'est comment tu le traites qui fait la différence de si tu vas réussir ou pas. Si ton échec fait partie de ton apprentissage puis tu fais comme : « OK, je me suis planté, donc, là, je sais maintenant comment ne pas faire quelque chose… » ou comment ne pas réussir, qu'est-ce que je peux tirer comme leçon? Comment je peux m'y attaquer différemment? »

 

Mathieu Dufour : [00:29:55] Si tu t'étais pas planté, tu aurais pas la réponse à ce problème-là qui revient. Tsé, que, finalement…

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:29:59] Oui, oui, oui. Mais c'est aussi que l'échec, ça veut pas dire que tu es pas sur le bon parcours. Ça veut pas dire que ce rêve-là, il faut que tu l'abandonnes parce que dans le parcours il y a eu un échec, tsé. Puis je pense qu'il y a des gens qui font cette association-là : « Eille, regarde, je suis pas dans la bonne track visiblement, j'ai des obstacles », puis qui les écoutent pas, leurs rêves. Puis c'est là ma question, c'est quoi les conséquences, pour toi, de pas écouter ses rêves? Il y en a plein de gens qui ont pas le courage de leurs rêves. C'est quoi les conséquences de pas aller au bout de ses affaires?

 

Véro Menard : [00:30:27] C'est terrible comme conséquence. Il faut se le dire.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:30:28] Mais non, mais j'imagine qu'il y en a.

 

Véro Menard : [00:30:31] Mais oui. Puis c'est vraiment… Non, mais c'est terrible. Je dis ça en joke, mais, en fait, c'est vrai.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:30:34] C'est triste en tout cas.

 

Mathieu Dufour : [00:30:35] C'est triste, oui.

 

Véro Menard : [00:30:36] Bien oui. Parce que si tu prends une personne qui est en train de mourir, qui est en train de quitter ce monde, puis tu lui demandes c'est quoi ses regrets, pas mal sûr que la plupart vont dire : « Pas avoir été assez proche de telle ou telle personne puis pas avoir essayé puis réalisé mes rêves ». Tsé, c'est quelque chose, c'est le sens de la vie. Pour moi, le sens de la vie - puis pas juste pour moi, pour Brené Brown, puis d'autres auteurs.

 

Mathieu Dufour : [00:30:56] Brené Brown. Queen.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:30:57] Eh qu'on aime Brené Brown. Brené Brown, la reine, hein.

 

Mathieu Dufour : [00:30:59] Être vulnérable. Être vulnérable.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:31:00] L’empathie aussi, aussi. En tout cas.

 

[inaudible – parlent en même temps 0:31:05]

 

Véro Menard : [00:31:06] Je suis vraiment d'accord avec connecter profondément puis authentiquement avec les autres et trouver sa place dans le monde, trouver un sens à notre vie. Mais c'est une lutte, c'est une lutte difficile. Et ça fait peur d'échouer.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:31:18] Il faut être winner. C'est ça.

 

Véro Menard : [00:31:21] Oui. Il faut… Puis il y a Carol Dwek qui est incroyable. Une psychologue qui a écrit un livre sur changer d'état d'esprit, donc passer de l'état d'esprit fixe qui dit : « L'échec, c'est la fin, ça marche pas, je vaux rien, etc. », tout le côté de l'estime de soi extrinsèque, à l'état d'esprit de développement. L'échec amènes-en, je vais apprendre des affaires, je vais me lever plus fort, je vais continuer.

 

Mathieu Dufour : [00:31:41] Phénix. Je renais de mes cendres. Ça part.

 

Véro Menard : [00:31:43] Phénix.

 

Mathieu Dufour : [00:31:44] Oui. Genre, je vais bruler, je vais revenir.

 

Véro Menard : [00:31:46] J'en ai un ici sur le bras. Phénix. Regarde.

 

Mathieu Dufour : [00:31:47] My God! Brené Brown, Phénix, on pense pareil.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:31:49] Ça connecte.

 

Mathieu Dufour : [00:31:51] Oui, c'est ça. C'est le fun de te rencontrer.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:31:52] Ça connecte. Pour quelqu'un qui a pas eu la chance d'avoir des parents hyper soutenants ou aidants ou aimants, qui a rencontré énormément d'embûches, j'imagine que suivre quelqu'un comme Mathieu, ça peut avoir une influence super positive, que des modèles de gens positifs ça a un réel impact aussi?

 

Véro Menard : [00:32:10] Absolument. Absolument. Puis, tsé, on entend plein d'histoires. En tout cas, moi, j'entends plein d'histoires : « Moi, mon parcours, quand j'étais petite, mes parents, c'était… j'ai vécu des traumas. Ils étaient pas là pour moi. On était dans la pauvreté ». Bon. Bli bla blo bla blo « Mais j'avais un professeur qui était incroyable. J'avais un sportif que j'admirais, que je suivais. J'avais un humoriste que j'adorais, qui était positif, qui fonçait ». Fait que, oui, c'est super important puis ça peut être un facteur de protection tellement fort que ça peut même changer toute la donne.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:32:36] Incroyable quand même.

 

Véro Menard : [00:32:38] Oui! Tsé, ça, ça donne un beau sens à ton travail.

 

Mathieu Dufour : [00:32:41] Moi, s’il y a de quoi de beau que j'aime, tsé, des fois les gens me parlent, tsé, d'être connu ou me faire reconnaître bla bla bla, ça, ça existe, mais, moi, les moments où ça me shake le plus, que je trouve vraiment beau, c'est, justement, des témoignages que je reçois de gens qui sont juste comme : « J'ai pris telle action parce que, genre, je me suis dit que, toi, tout ce que tu rêves ça arrive », ou tatata. Tsé, fait que, ça, je suis, comme, juste wow!

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:32:36] Merci pour ce précieux savoir, cette vulgarisation, mais en même temps, ces grandes technicalités. Je trouve qu'on est allés vraiment en profondeur dans le sujet.

 

Mathieu Dufour : [00:33:10] C'était vraiment intéressant. J’aurais pu parler de ça pendant quatre heures avec Véro.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:33:10] Merci pour ton authenticité, pour, mon Dieu, l’influence positive que tu amènes dans le monde. Vous m'avez vraiment transformée.

 

Véro Menard : [00:33:20] Merci pour l'opportunité.

 

Anne-Élisabeth Bossé : [0:33:21] Ça me fait plaisir.

 

Mathieu Dufour : [00:33:22] Merci de nous avoir reçus.

 

FIN DE TRANSCRIPTION

Math Duff mène sa vie et sa carrière autrement depuis qu’il voit le verre « à moitié plein ». Il en jase avec Anne-Élisabeth, qui questionne ensuite Vero Menard, conférencière et psychologue : les trucs de pensée positive, ça nous aide, oui, mais à quel point?


Animation : Anne-Élisabeth Bossé


Invité : Mathieu Dufour

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